Les sportifs de combats, notamment les judokas, sont exposés aux champignons cutanés comme en atteste une épidémie survenue en France à Orléans, rapportée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) et la revue La Presse Médicale.
"Il s'agit pourtant d'un problème à résoudre au plus vite", souligne dans la Presse Médicale le Dr Eric Estève, dermatologue (centre hospitalier régional, Orléans), en relatant une épidémie au Pôle France judo Orléans (structure scolaire d'entraînement intensif de haut niveau) qui a touché 51 judokas différents, garçons et filles (cadets/juniors). Plusieurs épisodes se sont succédé durant neuf mois (octobre 2004-juin 2005) "rythmés par les compétitions", note-t-il avec son collègue Didier Marc Poisson, spécialiste de maladies infectieuses.
Les avants-bras sont le plus souvent touchés, mais il existe aussi des atteintes du cuir chevelu. Le traitement (avec arrêt du sport pendant 7 à 14 jours) de cette teigne se fait par voie orale et locale (gel, crème).
On compterait un millier de cas annuels en France, selon une "estimation basse". La publication ces derniers mois de trois articles dans le Japanese Journal of Medical Mycology atteste du problème "en révélant le caractère endémique (installé) de l'infection à large échelle chez les sportifs de combats japonais, en particulier les judokas", soulignent les auteurs qui ont la "notion d'une très probable endémie nationale" française.
Pareille épidémie infectieuse est difficile à circonscrire. D'autant que "la prise en charge du sujet contaminé, donc contaminant, suppose une éviction temporaire toujours mal vécue de l'athlète de haut niveau et/ou de son encadrement en particulier à l'approche de compétition ayant nécessité des semaines, voire des mois d'entraînement", relèvent les auteurs.
L'entraînement intensif, la multiplicité des adversaires, donc des contacts corps à corps potentiellement contaminants, un "kimono lavé en moyenne une fois par semaine" ou l'absence de douche aussitôt après l'entraînement (travaux, vétusté des locaux) favorisent des contaminations multiples par l'agent Trichophyton tonsurans.
Une campagne de prévention est projetée en septembre ainsi qu'une étude épidémiologique nationale dans les prochains mois, sous l'égide de l'Institut de veille sanitaire (InVS) et de la fédération française de judo et discipline associée (FFJDA).